Le sculpteur et peintre Jean Tinguely est connu pour ses immenses machines mobiles qui s’opposent au culte du fonctionnalisme de l’industrie. Travaillant avec des matériaux récupérés et recyclés, il anime ses inventions en se référant à la machinerie industrielle du XXe siècle sans vouloir – il n’était pas anarchiste pour rien - les intégrer dans les chaînes de production économique. En novembre 1970, Tinguely participe à un festival à Milan, organisé à l'occasion du dixième anniversaire du groupe d'artistes « Nouveaux Réalistes ». Sa contribution se matérialise dans La Vittoria : un gigantesque pénis d'or installé devant le Dôme de Milan, ensuite détruit d’une manière spectaculaire par le feu d’artifice. Ainsi, il érige un symbole de pouvoir phallique qui demeure en même temps fragile et renversable. Ce travail s’inscrit dans la continuité de ses créations d’œuvres s’autodétruisant comme « Homage to New York » dix ans plus tôt, la première œuvre d’art de ce type.
JEAN TINGUELY, LA VITTORIA (LA VICTOIRE/THE VICTORY), 1970, PUBLIÉE DANS/PUBLISHED IN: HULTÉN, PONTUS. TINGUELY: CENTRE GEORGES POMPIDOU, MUSÉE NATIONAL D'ART MODERNE, 8 DÉCEMBRE 1988–27 MARS 1989. PARIS: CENTRE GEORGES POMPIDOU, 1988, PP. 198–199, © JEAN TINGUELY, ÉDITIONS DU CENTRE GEORGES POMPIDOU, PARIS