SORTIR PAR LES CIEUX / COMMENT RESTER BELLE PENDANT L'APOCALYPSE ?

ESSAIS
04.8.2019
SOPHIA DJITLI

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« regarde elle a les yeux grand ouverts, selfie, je préfère fermer les yeux, je sais pas pourquoi ils tiennent à garder les yeux ouverts quand on baise et leurs visages qui se déforment, absolument j'ai remarqué la même chose, je vois pas, je vois pas où tu veux en venir, ça fait un bon déséquilibre,  alignement désastre, le  retour à la névrose originelle quoi, comme une fibrose cicatricielle autour de mes ovaires intergalactiques, la communauté désossée s'est consolidée comme une blessure, la blessure de l'absence, la puissance de l'absence c'est de se reproduire, on a rendu les clefs, ça va tu survis avec la canicule ? ouais je suis dans un trip fond du lit, fin du monde, le truc s'est désintégré il y a un bail, la communauté constituée autour de__ avec mes ovaires s'est dispersée, on a fermé, depuis on tente de réfléchir par le négatif par exemple si belleville est le centre du monde et que le nez de cléopatre, même si la communauté exclut l’immédiateté qui affirmerait la perte de chacun dans l’évanouissement de la communion, elle propose ou impose la connaissance de ce qui ne peut être connu : ce “hors de soi “ (ou le dehors) qui est abîme et extase, la fécondation collective, l'avortement collectif, tout le monde s'est barré de paris, c'est de la science fiction, les hommes marchent sur la lune avec ou sans ketamine, défaire le genre par les étoiles, ça fascine l'anesthésiste cette histoire, combien le gramme oui, nooo, c'est pas liquide, c'est de la poudre, et la pute à la caméra se remet du rouge à lèvres, selfie, anesthésie générale, grève des réseaux sociaux, en regard d'une telle impossibilité, la Raison, au service du présent, devient une imposture totale, pour les masses, le rouge ne va pas avec le rose, en résumé, le mythe lui-même est déjà Hystérie et l'Hystérie se retourne en mythologie, un doigt pendant les dernières minutes discrètement avant la fermeture, un deuxième, on va fermer là, l'odeur intime de l'exposition, le banc mouillé face à la vidéo des experts, nous voilà sommées de discuter autour d'une boisson dûment tarifée par exemple si belleville est le centre du monde et que le nez de cléopatre est en porcelaine, peut-elle jouer la princesse au petit pois, aux faux cils et au marteau, on le déglingue à coups de shoot hormonal, le truc s'est désintégré, reste une possibilité à céphalées, vous reprendrez bien un peu de morphine au réveil, salle de réveil où la vie a toujours lieu dans un tumulte sans cohésion apparente mais elle ne trouve sa grandeur et sa réalité que dans l'extase et dans l'amour extatique, finalement tout tourne autour encore et toujours autour de l'anus solaire de paul bataille, on disait il y a des priorités en politique, genre comment rester belle pendant l'apocalypse, le truc avec toi c'est qu'on n'arrive pas à savoir si t'existes vraiment, ta présence est immatérielle, en trois mots, vouivre, nymphe, sylphide, en gros pour toi la' femme c'est de l'antimatière, elle nous hante depuis six mois, c'est le même principe pour toutes les luttes minoritaires, la magie est une sanglante falsification, le mythe lui-même est déjà Raison et la Raison se retourne en mythologie, essentialisme stratégique quantique en quelques points, on dirait, concentré d'hormones+ faux cils + marteau, anyway pendant l'apocalypse, désopasdéso, alignement désastre, le rapport de force reste en faveur des sorcières qui brulent déjà depuis longtemps en pls, pms, prepare to meet satan, tmtc, les premiers pas sur le bucher, ou, dans une version retrofuturiste, les hommes marchent sur la lune et je leur marche dessus avec mes hauts talons chimiques, je grandis, j'aggrandis ces trous d'aiguilleurs du ciel, défoncée à l'opium, tout le sang recouvre le ciel, j'agite les lasers de l'épilation définitive, la plaine, le soleil est devenu rose, doux, choux, crépuscule des idoles no way, peut-être à l'aube éventuellement, réapparition de la fratrie, nous sommes encore ensemble parce que nous ne sommes rien, la communauté par son absence de centre et de communauté, la communauté absente à elle-même, une communauté c'est souvent une sorte de moment falaise pour un individu, on le sait bien ça, on vivait pas en-dehors, on vivait à l'extrémité du monde, noborder pour la mort et la folie, la première fois que je t'ai parlé de blanchot, tu m'as dit que c'était un truc de babtou fragile, oui oui c'est une discussion fondatrice, celle qui m'a fait me dissocier du parti, c'est surtout que c'est la seule partie de mon corps de cyborg que je peux pas arroser, mon téléphone, l'organe pour penser en gros l'histoire du transcommunautaire comme une affaire de pouces, c'est à dire que l'intergalactique nous protège de la tragédie des têtes, planète polymorphe, ovaires polykystiques, de la définition en négatif c'est dire plus simplement que le polyamour préserve de l'espoir vain de fusion, comment rester belle pendant l'apocalypse, baiser en acéphale, au moins la première fois, collectivisation des jouissances, mise en commun des fluides, voix lactées, sortir par les cieux genre météorite-sorcière-in-communiée ou tenir le comptoir, arroser les fidèles, pour le rhizome d'ovaires désertés prêts à envahir le monde, les voilà nus, insacrifiables, sacrés et homo, esseulés, 42 degrés, la vie nue, la communauté censée renaitre de ses cendres, la force en suspend, c'est merveilleux la vie nue mais la vie vulnérable, du coup, de baguette au coup de balais, l'occident expérimente enfin la fin du monde, brulons ensemble, ça pourrait être une pub, le truc s'est désintégré et la communauté comme une fibrose autour de mes ovaires s'est consolidée comme une blessure. »

SOPHIA DJITLI / SÉBASTIEN LESEIGNEUR / NASA

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